Des cols mythiques, des courses et des « forçats » de légende, des itinéraires à couper le souffle... L'Isère est un des royaumes de la petite reine !
La Croix de fer, le Glandon, les 21 lacets de l’Alpe d’Huez…
Autant de sites isérois incontournables pour les mordus du cyclo et du Tour de France, bien au-delà de nos frontières nationales. Entre la montagne et la petite reine, l’histoire d’amour ne date pas d’hier : « Dès 1905, deux ans après la première édition, la Grande Boucle passait par Grenoble pour le final de l’étape Besançon-Grenoble, remportée par Louis Trousselier, qui gagnera finalement le Tour ! », rappelle le journaliste grenoblois François Cazeneuve – l’un des meilleurs connaisseurs du sujet. « Dès le lendemain, les coureurs ont aussi découvert la côte de Laffrey ».
La capitale des Alpes, par ailleurs la ville la plus plate de France, compte parmi les cités qui ont le plus souvent accueilli la course de vélo la plus populaire au monde. Une plaque posée pour le centenaire du maillot jaune rappelle que c’est également ici, au 4 rue Béranger (à l’angle du boulevard Gambetta), que fut remis, en 1919, à Eugène Christophe, le tout premier maillot jaune officiel de l’histoire du Tour.
L'ascension du col de Porte, en Chartreuse, devient aussi très vite un classique : après Émile Georget en 1907, il sera franchi à 18 reprises par le Tour de France et 11 fois par le Critérium du Dauphiné.
La création de cette dernière épreuve en 1947 par Georges Cazeneuve (oncle de François et Thierry Cazeneuve et cofondateur du quotidien régional) va encore renforcer l’attrait pour Grenoble et ses massifs.
Reprise en 2010 par Amaury Sport Organisation (ASO), l’organisateur du Tour, l’épreuve du Dauphiné, reconnue au plan international, est considérée comme la meilleure préparation au Tour, d’où son surnom de « Petite boucle avant la grande ». Les plus grands noms du cyclisme s’illustrent lors de ces 8 jours de course intensive, qui font la part belle à nos plus beaux cols, érigés en « juges de paix » pour les forçats de la pédale !
La chute spectaculaire et en direct de Bernard Hinault dans la descente du col de Porte en 1977 reste gravée dans toutes les mémoires : le jeune Breton allait remporter malgré tout l’étape du Dauphiné devant l’Isérois Bernard Thévenet – vainqueur final du Tour pour la seconde fois de sa carrière.
Avec le « Critérium », le public va découvrir aussi la côte de Laffrey, le Luitel dans le massif de Belledonne, le col de Romeyère dans le Vercors…
Si la montée de l’Alpe d’Huez compte aujourd’hui parmi les moments les plus attendus du Tour de France, il aura fallu attendre 1952 pour voir le peloton faire étape à son sommet. L’occasion d’une première retransmission à la télévision !
Georges Rajon, patron de l’hôtel Cristina, avait réussi à convaincre les organisateurs et ils n’ont pas été déçus : le duel entre Jean Robic et Fausto Coppi sur la montée de Bourg-d’Oisans est à inscrire parmi les belles pages du Tour.
L’italien, qui affirmera avoir grimpé sans forcer, s’imposera devant tous ses adversaires et endossera le maillot jaune final à Paris. Il s’écoulera près d’un quart de siècle, en 1976, avant de revoir passer la caravane dans la station des Grandes Rousses – ce sera aussi le dernier Tour pour Raymond Poulidor.
« L'Alpe, ce n’est pas le sommet le plus haut ni le plus dur. Tout bon cycliste peut avaler les 14 km et les 1 121 m de dénivelé !
Mais à 23 km/h, c’est autre chose.
C’est un terrain idéal pour la bagarre et le spectacle, avec des lacets bien larges qui assurent à la foule et aux motos de télévision une bonne visibilité », confirme le champion isérois Bernard Thévenet.
Plus encore que sa victoire de 1975, le « tombeur d’Eddie Merckx » se remémore sa folle course poursuite avec le hollandais Kuiper en 1977, seul à le devancer dans l’ascension finale. L’Isérois avait réussi l’exploit de conserver son maillot jaune avec seulement huit secondes d’avance au classement final : « C’était extraordinaire de gagner une seconde fois, après 3 semaines sur les charbons ardents », savoure-t-il avec sa modestie légendaire.
De mai à octobre, c’est tout l’Oisans qui vit désormais au rythme des deux roues. En moyenne, 300 grimpeurs par jour en été prennent d’assaut les célèbres virages. Les compétitions s’enchaînent et attirent toujours plus d’aficionados.
Les hollandais sont parmi les plus fervents : la course de l’Alpe d’Huzes, créée en 2006 au profit d’une association néerlandaise de lutte contre le cancer, rassemble à elle seule 6 000 participants chaque année au départ de Bourg-d’Oisans.