travail entre un moine chartreux et un laic pierre reynard

La saga mouvementée de la Chartreuse

Verte ou jaune, la liqueur Chartreuse made in Isère rayonne aujourd'hui dans le monde entier. Mais sa recette, qui demeure toujours secrète, a bien failli disparaître au cours de nombreuses péripéties.

Histoire !

LA SAGA DE LA LIQUEUR CHARTREUSE

Remontons en 1605, lorsqu'un manuscrit est confié par le duc Annibal D’Estrées aux moines chartreux du monastère de Vauvert à Paris.
À l’intérieur, figure une liste de 130 espèces végétales : plantes, fleurs, baies, écorces, épices et racines... qui après avoir été travaillées et bien assemblées, sont censées donner naissance à un élixir de longue vie.

En 1737, ce manuscirt est confié au frère apothicaire Jérôme Maubec, de la Grande Chartreuse en Isère, qui fixera à partir de celui-ci la recette définitive de l’Élixir végétal en 1764.
C’est à partir de ce premier remède que seront élaborées, avec la même composition, les liqueurs jaune et verte que l’on connaît aujourd’hui.

→ La Chartreuse jaune

→ La Chartreuse verte

Pour autant, au fil des siècles, le célèbre breuvage a failli disparaître plusieurs fois.

Lors de la Révolution Française en 1789, les chartreux sont chassés des monastères de France et dispersés dans les chartreuses du monde entier.
Le manuscrit passe alors de main en main et voyage à son tour.

Pierre Liotard, ancien pharmacien, le récupère en 1800.
Cinq ans plus tard, les moines le rachètent à sa veuve pour 3 000 francs.

Dès lors, la production va se développer.

Mais au début du 20ème siècle, le sort s’acharne : en avril 1903, la congrégation religieuse est à nouveau expulsée du monastère de la Grande Chartreuse en Isère, et les moines contraints de se réfugier à Tarragone, en Espagne.
Pour couronner le tout, le liquoriste Cusenier s’empare des droits de la marque pour la commercialiser.

En 1921, les chartreux redeviennent maîtres de leur savoir-faire et son de retour en France.
Ayant récupéré leur marque, ils s'installent à Marseille, puis en 1932 sur le site de Fourvoirie à Saint-Laurent-du-Pont (massif de la Chartreuse, Isère), où ils reprendront la fabrication de leur liqueur.

En 1935, le 15 novembre, un glissement de terrain emporte les installations du site de production. Les moines sont alors contraints de déménager une nouvelle fois et transfèrent leur distillerie à Voiron, où ils possèdent des caves depuis 1860.

La fabrication de l'ensemble des liqueurs Chartreuse demeure voironnaise jusqu'en 2017.

 

2022, UN NOUVEL ESPACE CULTUREL

Depuis juin 2022, la fabrication des liqueurs Chartreuse déménagent encore, à quelques kilomètres seulement. La recette est maintenant élaborée à Entre-Deux-Guiers.

Les caves historiques de Voiron restent ouvertes au public et sont aujourd'hui le théâtre d'un tout nouvel espace culturel qui vous permet de découvrir la riche et tumultueuse histoire de la liqueur Chartreuse, dont la recette n'est aujourd'hui encore connue que de 2 moines !

caves de chartreuse 2022 pascal flamant

© LIBREMENT INSPIRÉ DES TEXTES DE ANNICK BERLIOZ POUR LE MAGAZINE ALPES ISHERE #11 - HIVER 2023

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