Géographe à l'Institut d’Urbanisme et de Géographie Alpine de l'UGA, Philippe Bourdeau enseigne également la géographie culturelle à l'Institut d'Urbanisme et de Géographie Alpine (UMR PACTE), où il dirige le Master 2 « Tourisme innovation transition ».
Il consacre ses recherches à l'impact croisé des changements environnementaux et culturels sur le tourisme de montagne, à l'agir créatif des professionnels et pratiquants, et aux trajectoires post-touristiques des territoires.
L’essor du climatisme, thermalisme, la naissance des premiers clubs alpins ou de ski et en 1889 la création du premier syndicat d’initiative sont des éléments clés de l’histoire de l’Isère. Ils ont permis de valoriser des ressources locales, de favoriser une diversité de pratiques, de métiers et de favoriser des dynamiques culturelles et de recherche. De ce fait, l’écosystème géo-historique de l’Isère, est inscrit dans cette trajectoire depuis la fin du XIXème siècle.
Actuellement, nous vivons un retour aux fondamentaux entre environnement, santé et inspiration existentielle. Les préoccupations de développement et d’un épanouissement personnel harmonieux avec l’environnement deviennent majeures. Se développe ainsi une dynamique de déconnexion / reconnexion, ce que les Anglo-Saxons ont appelé « transformation tourism » (tourisme de transformation de soi).
En Isère, l’étude par des sociologues et anthropologues de ces paramètres montre que la relation ville-montagne est importante pour l’ensemble des territoires Isérois et pour le bassin Grenoblois.
Les habitants recherchent une sorte de compatibilité et de cohérence avec les enjeux environnementaux, climatiques. Au niveau local, nous pouvons observer, autour des questions de santé et de bien-être, un phénomène appelé migrations résidentielles ou d’agréments. Ce mouvement peut bénéficier aux massifs de montagne de l’Isère. Il porte l’idée que la « bonne vie » commence « ici ».
Ce que nous allions chercher ailleurs dans le cadre du tourisme (exotisme, dépaysement, rupture par rapport au quotidien), s’inscrit maintenant dans une logique de continuité, aussi bien en ville (émergence de la ville durable, végétalisation, préoccupations d’écologie urbaine, mobilité…) que dans d’autres choix résidentiels.
Le tourisme est interrogé : il est peut-être une résultante des qualités du territoire plutôt qu’un point de départ. Il y a donc une vigilance pour les opérateurs touristiques à s’inscrire dans cette trajectoire-là, c’est-à-dire, remettre le tourisme à sa place et ne pas en perdre le contrôle.
Ainsi, le signe distinctif du territoire isérois serait une dynamique forte de relations entre les villes et la montagne avec une recherche d’équilibre entre résidence, travail et loisirs. La relation centre/périphérie est revisitée : la montagne vit mieux grâce à la proximité de la ville et vice et versa. Ce genre de dynamique est peut-être une marque de fabrique de l’Isère.
ÉCOUTER SON INTERVENTION COMPLÈTE